Visite du nouveau parc éolien de Saint Nicolas des Biefs

Nous avons visité le champ d’éoliennes des Bois Noirs, sur la commune de Saint Nicolas des Biefs. Ces sept grands oiseaux blancs à trois ailes produisent un doux bruissement, et ronronnent au grès des vents du Nord, à plus de 1000m d’altitude sur une crête des Monts Bourbonnais.

Une piste forestière a été tracée pour la mise en place de ces éoliennes, pour leur maintenance et pour l’extraction traditionnelle des grumes – troncs non équarris – des parcelles environnantes. Cet après-midi là, nous avons pu discuter avec un soudeur professionnel chargé de la maintenance des mâts des éoliennes, mâts pesant chacun la bagatelle de 245 tonnes d’acier et mesurant 105 m de haut. Chaque pale de fibre de verre pèse 6,7 tonnes et mesure 44 m d’envergure. L’aéro-générateur a une masse de 70 tonnes.

Agréable surprise, ces joyaux technologiques de l’énergie renouvelable semblent attirer la curiosité, comme nous avons pu le constater – nous avons rencontré une bonne dizaine de personnes en semaine de période scolaire, et une centaine, le dimanche -, et à mon avis, devraient renforcer l’attrait touristique des Monts de la Madeleine et des Monts Bourbonnais, contrairement à la crainte de certains. C’est en tout cas, tout ce que j’espère pour ceux qui croyaient perdre leur commerce touristique.

Concernant leur rendement, chacune de ces éoliennes peut dégager une puissance de 2 MW, et devraient, selon les études préalables faites pour ce site d’implantation, produire environ 46 GWh d’électricité par an – fonctionnement de 3000h/an -, soit l’équivalent de la consommation en électricité de plus de 36 000 foyers en un an, comme Roanne ou Vichy – hors chauffage et transport, selon les habitudes de consommation énergétiques actuelles. L’ADEME estime que les 25 GW éoliens prévus en France pour 2020 (soit l’équivalent de 9 réacteurs nucléaire) permettront d’éviter l’émission de 16 millions de tonnes de CO2 soit la consommation annuelle de 8 millions de voitures.

C’est un opérateur énergétique privé allemand Abo Wind qui a financé le projet, à hauteur de 31,1 millions d’euros, ils sera donc, de toute évidence, financièrement rentable ; comme il l’est pour les communes environnantes. C’est la société danoise Vestas qui a fourni et installé les éoliennes de type V90.

Et les retombées économiques pour les collectivités locales ? Le Maire de Saint Nicolas des Biefs affirme qu’elles seront de l’ordre de 100 000 euros par an, à répartir entre la communauté de commune (50 %), le département de l’Allier (35%) et la commune (15%). Nous ne pouvons que regretter que l’Etat ne soit pas propriétaire de ces éoliennes, qui rapporteraient bien plus que cela aux citoyens locaux (chiffres non communiqués). Le passage de la piste forestière rapporte 20€/an pour un loueur, soit pas grand chose. Le fait qu’une pale dépasse au dessus d’un terrain d’un loueur rapporte 1000€/an, une éolienne, 7000€/an.

Et l’impact environnemental ?

  • Au niveau de l’aspect visuel, c’est une affaire de goût, et donc parfaitement subjectif. Vous l’aurez compris, je ne trouve pas ces constructions mal intégrées au paysage.
  • Par rapport aux nuisances sonores, elles sont inexistantes à partir de 500m, à moins de 500m, les éoliennes sont moins bruyantes qu’être à proximité d’un réfrigérateur, ou en dessous d’un couloir aérien. Les éoliennes d’une puissance inférieures ou égales à 2 MW sont reconnues comme peu nuisibles à l’environnement sonore, ce qui est le cas pour ce parc. Le fait que le parc se trouve sur une crête réduit aussi l’impact sonore, nous avons interrogé quelques voisins, ils ne s’en sont pas plaints.
  • L’effet stroboscopique, relativement lent, des pales qui passent devant le soleil peut être gênant, si cela perturbe la luminosité intérieur d’un habitat, ce qui a forcément été pris en compte lors de l’étude initiale.
  • La LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) est favorable à l’implantation de parcs éoliens si ceux-ci sont construits selon leurs recommandation ; les parcs éoliens ont un très faible impact sur les oiseaux, par rapport aux lignes très hautes tension, à la circulation, aux vitrages, etc. Un membre de l’ARPN qui a participé à l’étude d’impact du champ éolien il y a trois ans m’a rapporté qu’aucune observation particulière n’avait été faite quant aux flux migratoires. De visu, j’ai pu constater qu’il manquait une signalétique lumineuse sur les pales, qui peut éviter quelques accidents pour la gente ailée.
  • Les chiroptères (ordre des chauves-souris) sont extrêmement sensibles aux éoliennes, la dépression aux abords des pâles suffit à les assommer. En France la signalétique aéronautique oblige l’utilisation de la couleur blanc-gris ou blanche, ce qui a tendance à attirer les insectes, dont se nourrissent les chauves-souris ; ce qui augmente le risque de mortalité pour cette espèce de mammifères volants. Cependant, l’activité des chauves-souris concerne surtout les périodes de vent faible ou d’absence de vent, ce qui réduit énormément la probabilité de tels accidents.
  • Les câbles électriques sont tous enterrés, ce qui est un énorme avantage visuel par rapport à n’importe quel type de centrale électrique. Le transformateur sur place est très bien intégré, c’est un beau bâtiment en pierres.
  • Il y a un risque de pollution importante en cas d’incendie (produits chimique des transformateurs).
  • L’intégration paysagère reste à terminer, il reste à voir le rendu du travail qu’il en ressortira.

En résumé l’impact environnemental est existant, mais très faible ; quant au risque technologique, on est face à un des plus faibles en matière de production d’énergie. La perception des éoliennes par les Français est stable depuis 2004 : 75% des français sont favorables à l’installation d’éoliennes dans leur région. Par ailleurs, un sondage réalisé en 2011 indique que 60% sont favorables à l’installation des éoliennes à moins d’1 km de chez eux (en hausse de 6% par rapport à 2008-2009).

L’avenir est aux énergies vertes, il ne faut pas oublier toutes les autres formes de production d’énergies renouvelables : biométhanisation, marée motrice, solaire électrique, solaire thermique, etc. La transition énergétique se fera aussi par les économies d’énergie d’un point de vue technologique et le changement progressif des comportements en matière de consommation (voir le scénario Négawatt pour plus d’infos sur le sujet).

Jonathan ALIBERT

En savoir plus :

http://www.monenergie.net/consommation-moyenne-electricite.php

http://eolienne.f4jr.org/eolienne_impact

http://www.courantpositif.fr/eoliennes-volantes-lavenir-de-lenergie-est-dans-le-ciel-2

http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/2014/11/24/sept-nouvelles-eoliennes-sur-le-toit-de-lallier_11231303.html

http://www.abo-wind.com/fr/leolien-citoyen/aboinvest/eolienne-de-saint-nicolas-des-biefs.html

http://www.vestas.com/en/products_and_services/turbines/v90-2_0_mw#!2mw-platform

http://www.vestas.com/files%2Ffiler%2Fen%2Fbrochures%2F090721_product-brochure_v90_1.8_2.0mw-en.pdf

http://www.presse.ademe.fr/files/avis_ademe_eolien-1.pdf

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