A Fukushima, « si la piscine de l'unité 4 fuit, c'est la fin »
Lors d’une émission intitulée "Morning Bird" sur TV Asahi, diffusée en direct le 8 mars 2012, les Japonais qui pensaient que la catastrophe nucléaire de Fukushima était terminée ont été frappés de stupeur en écoutant une interview d’Hiroaki Koide. « Si la piscine de l'unité 4 fuit, c'est la fin », a-t-il déclaré.
Mais la fin de quoi ? La fin de toute vie humaine possible à 250 km à la ronde autour de la centrale. Le journaliste, Toru Tamakawa, ne précise pas cela, car tout le monde sait que dans ce cas-là, Tokyo devrait être évacué. L’effroi se lit dans les visages.
Il y a 1535 assemblages dans la piscine n°4, soit 264 tonnes de combustible.
Le journaliste demande si on ne pourrait pas tout simplement construire une autre piscine à côté et transférer les barres de l’une à l’autre. Hiroaki Koide répond que si on sortait les barres à l’air libre, leur radioactivité tuerait immédiatement les hommes qui se trouveraient là.
Pour transférer les barres, il faut les insérer dans un caisson de plus de cent tonnes. Mais pour porter ce caisson, il faut une grue géante. Or celle du réacteur a été mise hors d’usage à cause de l’explosion. Il faudra beaucoup de temps pour nettoyer la piscine de ses débris et construire les structures qui permettront le transfert du combustible. Tepco envisage cette délicate manœuvre en janvier 2013.
C’est pourquoi les travaux sur l’unité 4 sont la priorité de Tepco. Il faut impérativement réaliser ce transfert avant qu’un séisme important ne vienne détruire la piscine n°4.
Qui est Hiroaki Koide ?
Hiroaki Koide a commencé une carrière d’ingénieur nucléaire, il y a 40 ans. Il avait été attiré par les promesses de l’énergie nucléaire. Cependant, rapidement il a perçu les points faibles du programme nucléaire japonais et a été reconnu comme le critique le mieux informé sur ce programme. Sa critique publique et non contestable lui a valu un purgatoire honorable comme «assistant professor» à l’Université de Kyoto. Il a pu, cependant, continuer une recherche « gagne pain » sur les mesures des radioéléments à l’Institut de Recherche sur les réacteurs de l’Université de Kyoto. Et ce jusque mars 2011. Depuis le séisme suivi d’un tsunami entraînant des fusions de cœurs à Fukushima Daiichi, il est apparu comme une voix puissante et une figure centrale pour, suite au désastre, relancer le Japon vers d’autres énergies. Les médias et les citoyens apprécient ses interventions: conférences, consultations et interviews. Il a publié 3 livres, dont le best-steller « Le mensonge de l'énergie nucléaire », qui ont aidé à reconstruire une conscience publique et un débat officiel au Japon.
http://resosol.org/Gazette/2011/261p03.html